• Voici 12 mois, je découvrais le nomadisme mongol, son mode de vie si rude et pourtant magnifique, une hospitalité et une générosité bouleversantes et des paysages sans borne ... En venant au Kirghizistan, c'est un peu de tout cela que je m'attendais à retrouver mais l'expérience s'est révélée bien plus riche que je ne l'avais imaginée de prime abord. Je souhaite donc commencer ce blog en remerciant 5 personnes avec qui j'ai eu la grande chance de partager cette aventure de 14 jours : deux européens fantastiques (oups pardon ) disons sensationnels alors, un guide extrêmement sympathique et dévoué (mais un peu tricheur ...), une cuisinière attachante et un chauffeur "lalitapala" (terme russo-kirghiz très à propos et élogieux).  Mais mes sentiments reposent également sur les échanges avec la population locale qui ont été d'autant plus forts et sincères que parfois imprévus et donc touchants. Quant aux paysages, ils allient étendues infinies, myriade de couleurs et diversité parfois étonnante. Ce séjour m'a enfin permis de trouver exactement ce que je recherche : une liberté mais pleine de surprises. D'ailleurs les caprices du climat sont venus ajouter une touche supplémentaire d'imprévu au programme et à cette liberté.


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  • En hommage à mes collègues de travail qui posent toujours des questions très intéressantes :

    -Tu pars où cette fois-ci ? - Au Kirghizistan ! - Pardon ? Mais c'est où ton "Kirghi..." ?

    C'est une des cinq anciennes républiques soviétiques d'Asie Centrale située au sud du Kazakhstan, à l'est de l'Ouzbékistan, au nord du Tadjikistan et à l'ouest de la Chine. Vous ne voyez toujours pas ? Alors voici la carte :

    Carte d'Asie

    C'est le pays en vert sous la flèche.

     

    Tu n'es pas normal, tu vas en Thaïlande pendant les émeutes et maintenant en plein génocide au Kirghizistan ! Pourquoi ?

    En septembre, c'était fini depuis quelques semaines ... Voici une explication partielle du problème : le pays compte 5,2 millions d'habitants répartis sur 200 000 km² (contre 60 millions sur 555 000km² pour la France). La population est à 73% kirghize mais de très nombreuses minorités vivent sur son territoire : russe, ouzbèke, dungane, ouïgoure, tadjike ... Les troubles de cette année ont opposé kirghizs et ouzbeks sur une question insoluble de frontières. En effet, toutes celles de la région ont été tracées bêtement par Staline sans prendre en compte les nationalités vivant sur place : de ce fait, des ouzbeks sont majoritaires dans certaines zones du Kirghizistan et vice versa, et de même avec toutes les autres ethnies. Une vraie poudrière qui explose donc régulièrement comme en 1990 ou en 2010 !

     

    Tu vas manger de la marmotte comme en Mongolie ?

    Question particulièrement intéressante à laquelle je répondrai "non j'avais déjà fini mon assiette l'année dernière."

     

    Quant à moi, les questions je me les pose sur place :

    Ah bon, on monte à 4000m ?

    Le départ de ce voyage étant longtemps resté incertain, je ne me suis pas trop préparé. Mais si j'avais su plus tôt que le pays se composait à 93% de montagnes, je pense que j'aurais pris un peu plus que quelques pantalons légers et des sandales ...

    Et puis :

    Azamat ! Au secours, qu'est qu'il faut dire déjà pour arrêter le cheval ?


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  • Trois touristes quittent la dictature du camarade, tovaritch, dictateur, président à vie Karimov pour le Kirghizistan. Ils ont passé 10 jours dans les cités caravanières ouzbèkes de la Route de la Soie en compagnie d'un guide plus dragueur que compétent surtout lorsqu'il est à plus de 7 pas de sa maison.


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  • Lundi 13 septembre 2010 : un accueil chaleureux

    L'avion atterrit à 18h20 sur le tarmac de l'aéroport Manas. A travers le hublot, nous voyons défiler les avions militaires américains. Les Etats-Unis ont en effet implanté ici leur base aérienne pour lancer les raids sur l'Afghanistan.

    Les visas sont obtenus facilement et sans supplément une fois que les douaniers se sont rendus compte qu'on avait besoin d'eux. A la sortie, les bagages sont une nouvelle fois contrôlés pour s'assurer que chacun reparte bien avec ses biens. J'ai beau être sensibilisé depuis l'Ouzbékistan, ça continue de me laisser baba(r) !

    A la sortie, nous retrouvons Azamat notre infortuné guide qui ne se doute pas encore de ce qui l'attend les soirs après nos défaites au jeu. Il est accompagné de notre nouveau chauffeur : Youri, un sacré personnage qui a même sa propre langue...

    L'aéroport se trouve à proximité immédiate de la frontière du Kazakhstan et à 35km de la capitale du Kirghizistan : Bichkek. Sur la route, les képis verts sont presque aussi nombreux que les bornes kilométriques : ils relèvent la vitesse des véhicules. Mais Youri a un radar qui les détecte. Il ne le trompera qu'une fois, l'occasion de se prendre un nouveau PV. On doit être de vrais porte-bonheur ! Un peu plus loin, nous nous rangeons sur le bas-côté pour accueillir la dernière membre de l'équipe : Lena, notre cuisinière.

    En arrivant à Bichkek, nous sommes accueillis comme des rois par l'équipe d'Ultimate Adventure et notamment par Nargiza et Moxat qui sont en charge de la guest-house. Cette agence ne se contente pas de fournir une prestation à ses clients, elle les accompagne dans leur voyage. J'ai prolongé mon séjour de 48h, ils ont vraiment fait leur possible pour tout me conseiller et me rendre service même si j'ai été dormir dans une autre guest-house que j'avais réservée depuis la France.

    Après avoir pris possession de nos quartiers, Azamat nous accompagne dans un petit restaurant pour terminer la soirée.


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  • Mardi 14 septembre 2010 : dans la vallée de Sussamyr

    G. a vraiment du succès dans ce voyage : après avoir séduit involontairement notre guide ouzbèke, voilà qu'elle attire à présent les moustiques. Merci beaucoup ! Grâce à toi j'ai bien dormi.

    Le petit-déjeuner est plutôt copieux. C'est également l'occasion de parler avec le "boss" d'Ultimate : Ismaël. Il est venu s'installer dans le pays il y a plusieurs dizaines d'années et connaît donc bien ce territoire. Il nous parle des émeutes et de ce que notre guide "ne nous racontera pas" : dans les familles musulmanes, un mari peut avoir jusqu'à trois femmes s'il a les moyens de subvenir à leurs besoins. En général, les fils de la première se comportent comme des enfants-rois ou des chefs. Ceux de la seconde femme se considèrent et sont considérés comme les esclaves de ceux de la première femme. Quant à ceux de la troisième femme, ils se sentent et sont placés tout en bas de l'échelle sociale alors que, souvent, ce sont les plus cultivés. Ils n'hésitent donc plus aujourd'hui à émigrer si nécessaire. Cet aspect illustre la notion très forte de clans qui prévaut ici au sein de la famille mais également en vigueur à l'échelle du pays. Cette situation est responsable du renversement de l'ancien Président corrompu (désolé pour la redondance) cette année et elle a eu un impact sur les élections du 10 octobre. Ismaël nous briefe pour finir sur le voyage. C'est parti pour la découverte de nouveaux horizons !

    ... Mais pas très loin car les bouchons nous rattrapent rapidement. Nous nous engageons donc dans un dédale de ruelles cabossées pour contourner le problème.

    Sur le bord de la route défile la partie agricole de la Kirghizie : champs de concombres, de tomates et de pastèques. Nous marquons la première pause assez rapidement pour nous approvisionner en vivres. C'est l'occasion de visiter un premier marché.

    Marché kirghiz

    Nous quittons peu après la vallée de la Chuy (du nom d'une des 7 régions que compte le pays) et bifurquons vers la chaîne Alaa-Tau. La route serpente très longuement à flanc de montagnes et pour cause : nous montons progressivement jusqu'à 3586m au col de Tiouz-Ashuu. Les parois autour de nous sont telles des mille-feuilles sur lesquels on apprécie les traces laissées par la tectonique des plaques :

    Chaîne Alaa-Tau

    Un peu avant le sommet de notre premier géant du jour, la route s'engouffre dans un tunnel, dans notre cas, en pente descendante. Pendant une minute environ nous n'en voyons pas la sortie. Puis, nous débouchons sur un terre-plein où attend une importante concentration de cyclistes. Il s'agit d'autres touristes partis avec Ultimate Adventure et qui achèvent leur périple. En partenariat avec la Fédération Française de Cyclotourisme, ils ont fait un tour au Kirghizistan à vélo. Ils acceptent de partager quelques minutes leur expérience qui me tenterait bien ! Puis, nous les laissons repartir et jetons un premier coup d'oeil à la vallée de Sussamyr qui s'étire indéfiniment en contrebas.

    La descente vers la vallée est entrecoupée d'une seconde pause pour observer le panorama depuis un promontoire un peu plus dégagé. Les premières yourtes apparaissent dans notre champ de vision en bordure de la route qui serpente.

    Yourtes dans la descente du Tiouz-Ashuu

    De l'autre côté de ce plateau cultivé situé à 2300m d'altitude, les sommets enneigés pourraient être pris pour un voile de nuages.

    Plateau en contrebas du Tiouz-Ashuu

    Une station de ski est aménagée sur un versant du col Tiouz-Ashuu. On distingue au second plan le télésiège :

    Plateau en contrebas du Tiouz-Ashuu

    Quelques lacets plus bas, nous bifurquons et quittons l'asphalte pour la piste. Celle-ci est de bonne qualité par rapport à la Mongolie. De temps en temps, nous traversons un village ou croisons un cavalier en costume traditionnel.

    Cavalier en costume traditionnel

    L'heure progressant rapidement, il est bientôt temps de chercher un lieu paisible pour y prendre notre déjeuner. C'est chose faite au bord de l'impétueuse rivière Karakol aux reflets bleus et verts.

    Rivière Karakol

    A quelques encablures de ce site, nous marquons une nouvelle halte dans le village de Kojomkol. Celui-ci porte le nom d'un grand champion de lutte qui remporta le titre suprême en Asie Centrale. Kojomkol était aussi communiste et maire du village. Mais s'il a eu droit à tous les honneurs, c'est surtout pour son gabarit hors norme : 2m36 et 208kg. A côté de lui, même David Douillet serait un gringalet ! Le premier site le concernant se trouve à l'entrée du village et consiste en un monument où il est figuré soulevant une énorme pierre. Celui-ci est érigé au pied de la colline où se trouve sa sépulture. A Bichkek, se trouve une autre statue du colosse où il soulève un cheval !

    Monument à Kojomkol Tombe de Kojomkul

    Nous traversons la localité et marquons une seconde halte dans le petit musée qui lui est consacré pour mieux cerner le personnage. Il a vécu de 1888 à 1955 mais, malade, il dut partir à Bichkek où l'Etat prit soin de lui. La famille avait déjà des exploits dans les gènes puisque devant la maison on trouve quelques beaux rochers avec des panneaux explicatifs : le père aurait soulevé 1274kg et le fils "seulement" 690kg ! Quant à la bâtisse, elle présente des accessoires de la vie quotidienne kirghize, des tableaux, coupures de journaux, peintures et le clou du spectacle : les vêtements du solide gaillard. Une seule des jambes de son pantalon permettrait de m'habiller ... (J'ai juste retouché la photo pour ne pas qu'on puisse reconnaître la personne tenant le pantalon).

    Pantalon de Kojomkul

     Nous terminons la découverte du village en nous rendant sur la tombe d'un de ses proches amis à la sortie du village.

    Tombe de l'ami à Kojomkul

    Nous commençons ici notre marche de la journée au bord de la rivière Kokomeren et au pied de collines émoussées par le temps, le vent et les intempéries. Elles semblent couvertes d'une étoffe de velours.

    Sommets de velours Rivière Kokomeren

    Cette balade de 2h est une première occasion d'aborder la vie quotidienne dans le pays et de comparer certains points avec l'Ouzbékistan d'où nous venons :

    - la place de la femme est beaucoup plus enviable ici. Les sociétés nomades semblent sur ce point bien plus progressistes car le choix du conjoint est plus libre : les mariages arrangés sont toujours de mise dans les campagnes mais les futurs mariés ont leur mot à dire et doivent être consentants sans quoi ils peuvent dénoncer le mariage à la police. Toutes les ouzbèkes doivent en rêver. Les femmes travaillent autant que les hommes et ont des postes à responsabilités. D'ailleurs, depuis le début de l'année, la Présidente par intérim du pays est une femme : Rosa. A quand en France ?

    - le salaire moyen serait de 200 dollars par mois soit l'équivalent d'une location mensuelle à Bichkek. Une année d'études supérieures coûte 1000 dollars !

    - Parmi les "loisirs" équestres soulignons en deux. Le premier est commun à toute l'Asie Centrale et se nomme en Kirghizie l'oulak-tartych : un imposant groupe de cavaliers se disputent violemment une dépouille de chèvre décapitée. Le premier qui réussit à l'amener au terme d'un parcours tortueux durant lequel tous les coups sont permis est déclaré vainqueur. Quelqu'un est partant ? Le second jeu est à peine plus tentant et s'appelle kiiz-koomaï : le futur marié doit poursuivre sa prétendante et l'embrasser en galopant. S'il échoue, il est fouetté. Personnellement, je préfère le Uno ! 

    Rivière Kokomeren

    Quelques ultimes tours de roues supplémentaires jusqu'à un cadre enchanteur où nous établissons notre bivouac au bord de la rivière et au pied d'une falaise à la couleur orange-saumon.

    Le bivouac au bord de la rivière Kokomeren

    Nous pouvons même piquer une tête dans l'eau pour se débarrasser de la poussière accumulée dans la journée. G. y retournera même une seconde fois toute habillée. Je vais vraiment finir par croire que tu es une "tombeuse" !  (Je me moque mais je suis également tombé plus tard avec bien moins de grâce et dans un endroit moins approprié ...)

     

    Ce premier jour se termine ainsi dans un paysage somptueux qui met la barre assez haut pour les prochains bivouacs.


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