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    13 jours de pur bonheur à la découverte du Kirghizistan et de son peuple

  • 13 jours ne peuvent suffire à bien connaître un pays mais ils m'ont au moins permis d'apprécier pleinement une de ses principales facettes : le nomadisme. En Mongolie, j'avais découvert ce mode de vie si rude et pourtant si séduisant. Au Kirghizistan, mon intérêt  ne s'est pas démenti et en ressort grandi. A quand la prochaine rencontre ? Et surtout où ? Pour le savoir, il ne me reste plus qu'à attendre le prochain appel de la nature qui guidera une nouvelle fois mes pas vers de surprenants horizons.

    Ce séjour aura en quelques sortes été un don : don d'humanité, de chaleur humaine et d'hospitalité de la part d'un peuple et d'une agence désireux de nous faire partager leur quotidien. Les rencontres avec la famille semi-nomade des gorges de Karakache, avec Tolkoun la jeune fromagère et son père Jooker, avec Nourgul la voix du Kirghizistan et son mari Talent, avec le futur trio olympique emmené par Sesim ou avec Erkin resteront autant d'excellents moments qui se trouvent désormais derrière moi mais que j'emporte malgré tout dans ma mémoire et dans mon coeur. Et que rajouter au bonheur d'avoir partagé ces instants merveilleux avec un trio de choc : Azamat, Lena et Youri; sans cesse aux petits soins pour nous et donnant sans compter de leur personne ("on se fait un petit Uno, Azamat ? Et attention si tu gagnes !") ?

    Enfin, je suis ravi d'avoir pu vivre cette expérience en compagnie de personnes aussi extraordinaires que G. et JC, assoiffés de liberté et infatigables globe-trotters. Que de bons moments partagés ensemble à s'acharner sur le Seigneur du Uno, à rire, à découvrir de somptueux paysages ou des gens merveilleux ... ! J'espère sincèrement avoir l'opportunité de vous recroiser prochainement dans nos contrées respectives et un jour à peine plus lointain dans un tournoi de Uno, une mission à bord de Spoutnik ou plus simplement sur les chemins du monde.


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  • Samedi 25 septembre 2010 : La gorge de Tatyr et la vallée de Chong Kurchak

    Pour moi, le dernier jour du voyage est souvent le plus long en partie parce que l'on n'a plus rien à espérer hormis un long vol vers la France. Cette fois-ci n'échappera pas à la règle même si ma journée sera pas mal remplie.

    Ce matin, je me lève vers 7h pour pouvoir visiter tranquillement la capitale avant que Victor ne vienne me récupérer en milieu de matinée. Je débute mon parcours par la place de la Victoire, une vaste esplanade au centre de laquelle trônent une yourte et quelques statues en mémoire de la fin de la 2nde Guerre Mondiale. Sur un des bords de la place, du côté ouest, se trouve le cirque qui propose essentiellement un spectacle d'acrobates, clowns, gymnastes et autres contorsionnistes.

    Bichkek - Place de la Victoire Bichkek - Cirque

    Je m'enfonce ensuite dans les quartiers populaires du sud-est de la place en direction de la mosquée principale de la ville. On est loin du faste des édifices d'Ouzbékistan ...

    Bichkek - Mosquée

    Par l'avenue Chuy, je retourne à la place Ala Too fréquentée hier soir. C'est ici que se trouve le coeur de la ville. D'un côté, fontaines, jardins et arcades. De l'autre, le musée Historique caché par la statue d'Erkindik, monument célébrant la liberté du peuple kirghize.

    Bichkek - Place Ala Too Bichkek - Place Ala Too - Statue d'Erkindik et musée Historique

    En contournant ce musée par la droite, vous passez devant une statue anthropomorphique semblable à celles aperçues à Burana il y a 36h. J'aboutis ensuite à la Vieille Place au centre de laquelle a trouvé refuge une immense statue de Lénine qui occupait autrefois la place principale.

    Bichkek - Statue de Lénine sur la Vieille Place

    L'homme conserve une bonne popularité dans cette république qui ne souhaite pas effacer toute trace de son passé communiste. Lui faisant face : le Parlement et sa façade à colonnes.

    Bichkek - Parlement

    En revenant sur l'avenue Chuy et en continuant de la longer vers l'ouest, je passe devant l'imposante Maison Blanche, nouveau palais présidentiel depuis l'indépendance du pays.

    Bichkek - Palais présidentiel

    J'aboutis enfin à la Place de la Ville, l'esplanade "montante" qui attire de plus en plus les foules. Elle comprend également une fontaine mais aussi un espace vert agréable devant le Philharmonium, à proximité directe de la principale université du pays et de l'université internationale. Devant le bâtiment culturel est élevée la statue de Manas, le héros national. Il chevauche un cheval et terrasse un dragon à la manière de St Georges.

    Bichkek - Philharmonium et statue de Manas Bichkek - Université Internationale Bichkek - Place de la Ville

    Le milieu de matinée approchant, je tourne à droite et emprunte la nouvelle artère piétonne destinée aux étudiants puis rejoins l'église orthodoxe à proximité immédiate d'Ultimate. Ses nombreux bulbes de différentes dimensions et son clocher en font pour moi le plus bel édifice de la ville.

    Bichkek - Eglise orthodoxe

    A l'auberge, Victor me récupère à 10h tapantes. Il m'amène aujourd'hui au village de Tatyr. La route pour y aller est la même qu'hier sur les vingt premiers kilomètres. Dans un village, nous prenons sur la droite, traversons la rivière Alameddin et, au bout de quelques centaines de mètres, nous engageons sur une piste montagneuse. Victor me dépose à proximité du cimetière et de deux fermes.

    Je m'élance dès le départ vers les reliefs, préférant couper par les sommets arrondis que suivre la piste caillouteuse. Je prends peu à peu de la hauteur et surplombe une gorge au creux de laquelle s'écoule un torrent.

    Gorge de Tatyr Gorge et vallée de Tatyr

    De temps à autre, mes pas croisent ceux de cavaliers accompagnés de leurs chiens et se dirigeant vers les pâturages où paissent leurs troupeaux. A la sortie des gorges, je laisse également en contrebas quelques bergeries. Au sommet du col, je traverse la piste et bascule dans une autre vallée beaucoup plus semblable à celles que l'on rencontre dans les montagnes européennes : la vallée de Chong Kurchak. Celle-ci est largement ouverte et ponctuée çà et là d'habitations ou de bergeries. Des falaises rouges propices à l'escalade et quelques forêts agrémentent le paysage. En arrière-plan des sommets enneigés et surtout des cumulonimbus pas très engageants. Je me pose une demi-heure pour déjeuner dans ce cadre après 2h de marche.

    Vallée de Chong Kurchak Vallée de Chong Kurchak Vallée de Chong Kurchak

    Les premières gouttes venant s'écraser sur le sol, j'entame la descente d'abord à marche forcée puis en courant. Les derniers pas se feront juste à temps pour éviter le gros de l'orage. L'après-midi n'est ainsi pas trop entamée au moment de retourner sur Bichkek.

    Avec la vallée, nous retrouvons le soleil. Victor me dépose à Ultimate où je retrouve Ismail une dernière fois. Nous parlons à nouveau du Kirghizistan et de son grand projet pour 2012 : organiser une conférence sur le nomadisme en faisant venir des personnes de tous les horizons (Touaregs, Indiens d'Amérique, Inuits, Mongols ...). Le voyage vaudra certainement le coup avec une telle affiche si elle se confirme ! 

    Je repars sur la fin d'après-midi pour une promenade en ville. Etant donné que nous avons parcouru un peu rapidement le Osh bazar il y a deux jours, je décide d'y retourner à pied pour le découvrir plus longuement. Je profite également de la présence de produits frais pour me constituer le pique-nique de ce soir.

    Avec la tombée de la nuit, je retourne vers le centre-ville où une fête avec concert est organisée par l'un des partis, puis je regagne une dernière fois l'auberge. J'y retrouve encore Moxat qui est de garde. Grâce à lui le temps d'attente passe plus vite. Et à 22h, Victor me récupère pour me déposer à l'aéroport à 35 kilomètres de là.

    Le voyage se termine là-bas sur une dernière impression plutôt malencontreuse pour un pays aussi accueillant : un petit fonctionnaire malveillant et corrompu, certainement en manque de bakchich, profite que je sois seul pour m'interdire l'accès à l'enregistrement. Le motif est futile : pourquoi ai-je un visa ouzbek (l'ennemi avec qui il y a eu des troubles en début d'année) et pourquoi suis-je seul ? La situation reste bloquée un bon moment avec plusieurs fouilles de mes bagages jusqu'à ce que je trouve enfin un guide parlant anglais et russe. Rien de tel pour vous réveiller pour de bon à 3h du matin !


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  • Vendredi 24 septembre 2010 : les gorges d'Alameddin

    Minuit sonne, je me lève en même temps que G. et JC pour les accompagner jusqu'à leur départ de la guest-house. C'est la première fois dans un voyage organisé que je me sépare du groupe. Et quel groupe ! Je vous aurais bien enchaînés pour que vous restiez plus longtemps mais j'avais oublié le matos à la maison...

    Avant mon départ, je me doutais fortement que ce pays allait beaucoup me plaire et, en attendant une éventuelle seconde visite, je voulais pousser la découverte vers les montagnes au sud de Bichkek. Ne connaissant pas alors notre agence locale, j'avais également réservé une chambre dans une guest-house coréenne dont je reparlerai plus bas.

    Une fois mes compagnons partis, je me suis lancé à corps perdu dans une bataille aérienne brutale. Après avoir subit le pilonnage intensif de l'ennemi et entendu le vrombissement continu de ses aéronefs, je décide de passer à l'offensive et abats trois des siens en plein air. La bataille fera longuement rage dans un duel incertain. Au bout de la nuit, nos deux camps dressent le bilan des affrontements : aucun dommage de mon côté mais une nuit sans sommeil. Saleté de moustiques !

    Au petit matin, je dois reconstituer mes forces après une nuit d'intense activité. Et le petit-déjeuner servi par Nargiza et Moxat est particulièrement copieux. On attend quelqu'un ? Comment ça c'est uniquement pour moi ? Nous conversons ensuite de leurs tâches au sein de l'auberge.

    Sur ces entrefaites arrive Ismail  avec qui je planifie mes excursions des deux prochains jours : Alameddin aujourd'hui, Tatyr demain. Pour me conduire sur place, il fait appel à Victor qui sera à ma disposition pour les deux prochains jours y compris pour m'emmener à l'aéroport demain soir. Et Ismail me donne une carte pour m'orienter puisque je serai seul dans la montagne.

    J'embarque à bord de l'Audi de Victor en direction du sud. A ce sujet, je dois souligner le nombre effarant d'Audi, BMW et Mercedes au Kirghizistan. Si vous en possédiez une il y a une bonne dizaine d'années, vous avez toutes les chances de la retrouver là-bas. Seules les Lada sont à peu près aussi nombreuses (et encore ...).

    Nous traversons d'abord une forêt au sein de la capitale : la forêt des panneaux électoraux en vue des législatives du 10 octobre. Avec 29 partis en lice, le moindre recoin ou panneau est tapissé d'affiches électorales, des voitures défilent avec des drapeaux aux couleurs de leurs poulains ... Nous quittons ensuite la capitale et longeons le fil directeur du jour : la rivière Alameddin. Au bord de la route, un feu d'artifice illumine le décor : les arbres se parent de teintes automnales, chacun d'eux possédant plusieurs couleurs : un côté jaune-or et un autre vert ou rouge. J'en prends plein les yeux !

    Au second plan, des rangées de datchas où viennent se réfugier les citadins à la moindre occasion. Je ne parle hélas que quelques mots de russe, j'ai donc des problèmes pour faire la conversation avec Victor : j'ai surtout compris qu'il était chauffeur de taxi d'origine ukrainienne et qu'il était passionné de pêche. Pour le reste, c'est plus personnel...

    La route s'élève ensuite dans les montagnes jusqu'à devenir une piste. A 11h, je m'élance pour la balade de la journée. Je devais théoriquement traverser une passerelle pour passer à droite de la rivière. Hélas, un chien gardien de yourte (les plus affectueux) ne l'entend pas de cette oreille et s'élance derrière moi. Un ruisseau me permet de me défaire de ce cerbère. J'opte donc pour le côté gauche et prend de la hauteur au milieu des éboulis.

    L'intégralité de ma promenade se fera dans une ancienne vallée glaciaire relativement encaissée dont le paysage est de type alpestre ou pyrénéen. Au fond de ce couloir naturel s'écoule la rivière dont le grondement s'élève le long des flancs des montagnes. La végétation est assez variée : pâturages, forêts, chardons géants de près d'1,5m de haut et nombreux arbustes épineux. Le sentier étant sûrement peu fréquenté (hormis par les bergers locaux), il faut souvent que je me fraie un chemin dans les fourrés non élagués, me faisant griffer au passage. Son tracé épouse la forme des vallons qu'il rencontre et créé des montagnes russes que j'enchaîne à un bon rythme.

    Gorge d'Alameddin Gorge d'Alameddin

    La faune n'est pas très effrayante : beaucoup de chevaux, des vaches et un lièvre mais absolument aucun caprin sauvage à ma grande surprise. Après 2h30 de montée, je prends mon pique-nique au bord de la rivière cristalline avec en arrière-plan un sommet enneigé partiellement caché dans les nuages. Ne pouvant l'atteindre dans un temps raisonnable, je rebrousse chemin et, en 1h30, retrouve Victor qui m'offre le thé.

    Gorge d'Alameddin Gorge d'Alameddin

    Une heure plus tard, nous retrouvons Bichkek. Victor me dépose au Tsoum, le grand magasin dans le genre de ceux du boulevard Haussmann à Paris. Il s'y vend de tout (alimentation, vêtements, souvenirs, meubles ...) sauf les tchapans (sinon je t'en aurais pris un ).

    De retour à Ultimate Adventure, je prends mes affaires et pars à la recherche de la guest-house coréenne avec quelques indications approximatives en poche. Je la trouverai toutefois relativement facilement. Le confort est plus que satisfaisant et les moustiques sont aux abonnés absents. Un paradis !

    Après une brève balade, je retourne à Ultimate Adventure où je dois retrouver Azamat pour aller diner ce soir. En l'attendant, je fais plus ample connaissance avec Moxat, le jeune gardien des lieux, resté seul pour le week-end. Il est étudiant en architecture et travaille en parallèle à l'auberge 6 mois par an. Etant le cadet de sa famille, il rêve de partir outre-Atlantique plutôt que de s'occuper de ses parents comme le veut la tradition.

    Azamat me récupère et m'emmène au centre vers la place Ala Too. Sur une vaste esplanade, une rampe soutient un immense drapeau national. Celui du Kirghizistan est totalement rouge en l'honneur d'Attila et son centre est occupé par un soleil jaune à 40 rayons pour les 40 tribus originelles qui s'unirent contre l'invasion mongole. Quand au disque central de l'astre, il est en forme de tunduk, l'ouverture sommitale des boz-u.

    Bichkek - Place Ala Too

    Toutes les deux heures, la garde d'honneur se trouvant à son pied est relevée. Et l'avenue passant devant est bouclée à partir de 20h pour laisser la place aux habitants. D'ailleurs, elle est bondée à cette heure et des jeux de fontaine et de lumière viennent agrémenter l'ensemble.

    Après le repas, Azamat évoque sa famille et une fête typique dans le foyer lorsqu'un enfant accomplit ses premiers pas. Pour marquer l'événement, un mouton est égorgé. De petites courses avec les jambes liées sont organisées : d'abord les enfants, puis les femmes et enfin les hommes.

    Azamat souhaite ensuite venir découvrir la Sekura guest-house que personne ne connait chez Ultimate. Nous prenons donc un minibus pour nains de jardin : il s'agit d'une boîte à sardines dans laquelle nous nous entassons à 20 ou 30 et au plafond suffisamment bas pour que ma tête s'enfonce dans le toit capitonné. "Azamat dis-moi stp quand on descend car je ne vois plus la route" ! 3 compagnies se partagent la capitale et le trajet revient à 10 soms après 21h contre 8 avant.

    Parvenus à la guest-house, je lui fais visiter les lieux avant qu'il ne rentre chez lui. Une importante communauté allemande est présente : des étudiants visitant le pays avec leur enseignant. Mais je rencontre surtout Rémy un jeune français parti deux ans pour accomplir le tour du monde en vélo couché. Son voyage est tout aussi fascinant que le récit qu'il m'en fait. (Si vous souhaitez en savoir plus sur son trajet : http://remytdm.over-blog.fr/).


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  • Jeudi 23 septembre 2010 : Quand les voies se séparent

    Ce matin, je me lève un peu avant 6h30 pour assister au lever du soleil sur l'Issyk Koul. Mais celui-ci ne viendra pas à ce rendez-vous, le temps étant couvert. Après avoir démontés notre dernier camp, nous partons en avant à 4 en attendant que Youri et Lena ne nous rattrapent avec le camion. Nous parviendrons à l'entrée du lit de rivière menant à la sortie des concrétions. Après avoir croisé un berger hagard à la recherche de son troupeau de vaches, nous nous engouffrons dans la veine asséchée où bat, à certaines saisons, le pouls du lac. A l'approche du camion, nous nous cachons un temps dans un sillon parallèle avant de surgir devant le camion au dernier moment. Nous aurions moins fait les malins si Youri avait filé sans nous repérer ...

    La piste est plus praticable que lors de notre rallye-raid d'il y a deux jours. Nous regagnons ainsi la route bitumée sans encombre. Déroulant ce ruban asphalté, nous marquons une première halte à proximité de la roulotte d'un apiculteur.

    Ruches

    Nous poussons ensuite jusqu'à Balakchy, l'ancien centre industriel de l'ouest du lac. Notre second arrêt permet un ultime ravitaillement en vue du déjeuner de midi. En bord de route, des commerçants proposent des poissons séchés du lac ou de Russie. Malgré l'interdiction officielle, des contrevenants continuent d'exercer leur profession. Aussi ces deux derniers jours avons-nous pu constater des indices de leur activité : des bouteilles en verre flottant à la surface et auxquelles sont suspendus des filets. Ceux-ci sont relevés de nuit pour plus de discrétion.

    Un side-car Poissons séchés

    Nous reprenons à nouveau la route et sortons du Parc National. A notre gauche, nous longeons la voie ferrée, la seule du pays qui relie Bichkek et Balakchy. Peu après, nous reprenons nos fonctions de porte-bonheur vivants : en dépit de son détecteur de radar, Youri se fait arrêter pour excès de vitesse. Deux prunes avec deux chauffeurs, nous affichons une belle réussite, non ? Le dénouement est fidèle au slogan d'une marque de biscuits chocolatés : un p'tit bakchich et ça repart ! Mais ça ne "repart" pas très loin car nous sommes arrivés au point de départ de notre dernière marche : le Canyon de Boom qui cache remarquablement bien son jeu. Après avoir franchis la voie ferrée, nous grimpons quelques minutes le long d'un sentier caillouteux avant d'entrer dans une gorge plutôt large. Nous croisons sur place quelques autochtones : un serpent et quelques perdrix. Puis les parois se resserrent de plus en plus. Notre chemin nécessite à 3 reprises une mini-escalade pour franchir ce qui doit être, au moment de la fonte des neiges, des cascades depuis lesquelles l'eau tumultueuse s'élance vers la vallée en contrebas et sculpte lentement le lit tortueux. Mais rien ne laisse supposer qu'en haut nous attend une magnifique récompense : le Bryce Canyon kirghiz !

    Montée vers le Canyon de Boom Montée vers le Canyon de Boom

    Au détour d'une ultime coudée, nous débouchons dans un paysage de far-west où ne manquent plus que les indiens (ils étaient en RTT) et le portrait de 4 président(e)s kirghizes (qui changent trop souvent pour que les sculpteurs aillent au terme de leur travail).

    Canyon de Boom Canyon de Boom Canyon de Boom

    Après une heure de redescente par la même voie, nous retrouvons le reste de l'équipe et couvrons quelques kilomètres jusqu'à une aire de repos. Nous prenons place dans une yourte autour de la table traditionnelle d'Asie Centrale (une table basse posée sur une sorte de lit en bois à 2 places) pour déjeuner.

    Bien des tours de roues plus tard, nous parvenons au dernier site touristique du parcours : la Tour de Burana. Au 11ème siècle, une ville entière était édifiée à cet endroit. Il n'en reste aujourd'hui qu'un minaret de 27 m (sur les 47m initiaux) se dressant sur un fond de sommets enneigés. Sa fonction était celle d'une tour de guet. Sur ce site archéologique se trouvent également un petit musée présentant quelques produits des fouilles, des stèles anthropomorphiques et des statues funéraires du VIème au Xème siècles.

    Burana - Vestiges Burana - Pétroglyphe Tour de Burana

    Nous retrouvons ensuite avec tristesse la capitale, signe de proximité du terme de notre séjour. Nous la traversons de part en part pour rallier le bazar d'Osh, une ruche fourmillant de commerces en tout genre (sauf de tchapans aux goûts occidentaux ). La foule est également très dense et le brouhaha ambiant contraste avec notre "solitude" des derniers jours.

    Bichkek - Etal du Osh Bazar

    Nous rejoignons enfin l'hôtel Ultimate Adventure et y retrouvons Ismail et son adjoint ainsi que Nargiza et Moxat, les jeunes gardiens de la guest-house. Nous avons rendez-vous dans 1h30 avec Lena, Azamat et Youri pour clôturer à 6 le séjour. Sans le savoir nous nous retrouvons dans le meilleur restaurant de la ville et une dernière surprise va animer notre soirée : peu après notre arrivée débarquent quatre jeunes filles. Youri les repère illico et change totalement d'attitude. Les échanges avec Azamat et Lena sont plus vifs ... En fait, l'une de ces personnes est une actrice d'un film d'action que Youri adore. Il finit donc par aller chercher le DVD dans son camion et par le faire dédicacer. Puis suit un autre kirghize ...

    Au retour à notre hôtel, il ne reste plus que 3 heures avant notre séparation : G. et JC retournent en Europe par le vol de 3h du matin tandis que je reste ici deux jours supplémentaires pour profiter au maximum de mon séjour.  


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  • Mercredi 22 septembre 2010 : grillades et feu de bois

    Aujourd'hui les paysages seront moins spectaculaires. Nous allons marcher jusqu'à un petit lac à 8km du bivouac. J'apprécie de pouvoir à nouveau randonner après tous ces jours bloqués par la neige.

    Etant réveillé plus tôt que prévu, je me prépare en vitesse et accomplis en solitaire une petite marche vers les crêtes.

    Sur les crêtes Vue sur les crêtes

    Cette journée va nous permettre d'approfondir notre découverte de l'Issyk Koul en prenant davantage le temps de regarder sa flore. Pour l'essentiel, il s'agit de bas buissons résineux et sans feuille dans le genre saxaoul. Une dizaine de variétés de fleurs viennent embellir et égayer le sol.

    Buisson résineux Fleur Fleur Fleur Fleur

    Nous cheminons le long d'une piste restée boueuse par endroits suite aux dernières intempéries. De temps à autre, nous traversons un lit de rivière asséchée ou voyons un lièvre détaler à notre approche. Des buissons contigus à notre route jaillissent des files de perdrix nous ouvrant la voie, semblables à des éclaireurs. Au milieu de la végétation, gambadent également quelques rongeurs en quête de nourriture. Le paysage est aride, mais la vie grouille donc partout.

    Lit asséché Perdrix

    Nous croisons également des villages schtroumpfs : avec la combinaison favorable de  la pleine lune et de l'humidité, des champignons ont tôt fait de sortir de terre et le moindre accrochage projette dans les airs une volée de spores.

    Champignons

    Nous atteignons une zone asséchée où le craquèlement de la terre rappelle des copeaux de bois ou, pour les plus gourmands, de chocolat au lait.

    Craquèlement de la terre

    Tout du long, nous avons progressé à une centaine de mètres environ de la rive. A présent que nous arrivons à une sorte de station balnéaire, nous nous rapprochons de l'eau. Les parasols de bois et de paille séchée ainsi que l'eau azurée contrastent violemment avec les sommets enneigés en arrière-plan.

    Mer et montagnes enneigées

    Au sommet d'un ultime faux-plat montant, nous aboutissons à un petit lac au bord duquel rouille tranquillement un wagon-citerne. Nous avons atteint le but de notre marche. Au vu des détritus qui flottent à sa surface, nous sommes cependant tous déçus. Pourtant l'endroit est très prisé des Russes, Kazakhs et habitants de Bichkek qui viennent y prendre des bains. Ce lac possède en effet une spécificité : en ayant été progressivement isolé de l'Issyk Koul lorsque le niveau de ce dernier a baissé, la salinité a considérablement progressé au point que l'on peut flotter à sa surface comme dans la mer Morte ! Des douches et des baignades dans l'Issyk Koul permettent ensuite de se rincer du sel.

    Lac salé

    Nous redescendons au bord du grand lac et préparons le pique-nique. J'en profite pour évoquer avec Azamat les loisirs dans les villes. Une patinoire a ouvert ses portes il y a deux ans et séduit de plus en plus d'adeptes. L'été une piscine permet de se rafraîchir lorsque le mercure dépasse les 30°. La même piscine est ensuite couverte l'hiver pour offrir aux citadins une possibilité de batifoler dans l'eau. Le cinéma est une distraction plutôt onéreuse à laquelle les foyers modestes ne consacrent pas plus de deux sorties par mois. La télévision propose de nombreuses chaînes surtout à Bichkek contre 6 seulement à la campagne. Leur nombre peut augmenter si l'on s'abonne au câble mais le prix est pour beaucoup inabordable. Enfin, l'Internet  s'utilise dans les cybercafés qui proposent des connexions d'une heure pour 30 soms (0,5 euro). L'abonnement individuel est sinon prohibitif.

    Rassasiés, nous repartons par le même chemin vers le campement. Nous voyons les alentours d'un oeil parfois neuf : dans ce sens, de nouveaux détails apparaissent comme ces veines sculptées par les éléments.

    Veines dans le paysage

    Nous voyons également de plus près les deux îles ou îlots du lac.

    Ilots sur l'Issyk Koul

    Après 5h de marche aller-retour, nous approchons enfin du bivouac et nous lançons dans le ramassage du bois mort. Ce soir, un feu de joie est au programme. Le tas que nous avons collecté est suffisamment haut pour que notre feu dure plus d'une heure.

    Sur la fin d'après-midi, nous allons aussi nous baigner une seconde fois dans le lac et nager quelques minutes, l'eau étant quand même un peu froide lorsque l'on rentre et ressort plusieurs fois.

    Puis, vient le moment de cuire sur du charbon de bois de pommier l'autre spécialité du pays que Youri et Lena, ces travailleurs de l'ombre, nous ont préparés durant toute la journée : les chachliks. Il s'agit de brochettes dont le nom signifie "six morceaux" car ils alternent viande (de mouton, boeuf ou poulet) et gras. Comme en Mongolie, le gras est une partie noble que l'on offre pour honorer un invité. Il convient donc de le manger et grillé ce n'est pas si indigeste.

    Nous terminons la soirée autour du feu alimenté par les fagots que nous avons rassemblés en fin d'après-midi. Celui-ci atteint rapidement une belle proportion. Et d'autres lui font écho dans le lointain. Probablement des pêcheurs qui bravent l'interdiction pesant sur le lac. Des étincelles jaillissent régulièrement dans les airs avant de s'éteindre lentement dans l'obscurité. Mon esprit se perd dans les souvenirs de ces derniers jours et associent chacune d'elles à un paysage marquant ou à une rencontre éphémère. C'est notre dernière soirée en plein-air ! Notre dernière nuit tous ensemble car demain nos routes prendront de nouvelles trajectoires...

    Feu de camp


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