• Rencontre avec les "géants"

    Mardi 14 septembre 2010 : dans la vallée de Sussamyr

    G. a vraiment du succès dans ce voyage : après avoir séduit involontairement notre guide ouzbèke, voilà qu'elle attire à présent les moustiques. Merci beaucoup ! Grâce à toi j'ai bien dormi.

    Le petit-déjeuner est plutôt copieux. C'est également l'occasion de parler avec le "boss" d'Ultimate : Ismaël. Il est venu s'installer dans le pays il y a plusieurs dizaines d'années et connaît donc bien ce territoire. Il nous parle des émeutes et de ce que notre guide "ne nous racontera pas" : dans les familles musulmanes, un mari peut avoir jusqu'à trois femmes s'il a les moyens de subvenir à leurs besoins. En général, les fils de la première se comportent comme des enfants-rois ou des chefs. Ceux de la seconde femme se considèrent et sont considérés comme les esclaves de ceux de la première femme. Quant à ceux de la troisième femme, ils se sentent et sont placés tout en bas de l'échelle sociale alors que, souvent, ce sont les plus cultivés. Ils n'hésitent donc plus aujourd'hui à émigrer si nécessaire. Cet aspect illustre la notion très forte de clans qui prévaut ici au sein de la famille mais également en vigueur à l'échelle du pays. Cette situation est responsable du renversement de l'ancien Président corrompu (désolé pour la redondance) cette année et elle a eu un impact sur les élections du 10 octobre. Ismaël nous briefe pour finir sur le voyage. C'est parti pour la découverte de nouveaux horizons !

    ... Mais pas très loin car les bouchons nous rattrapent rapidement. Nous nous engageons donc dans un dédale de ruelles cabossées pour contourner le problème.

    Sur le bord de la route défile la partie agricole de la Kirghizie : champs de concombres, de tomates et de pastèques. Nous marquons la première pause assez rapidement pour nous approvisionner en vivres. C'est l'occasion de visiter un premier marché.

    Marché kirghiz

    Nous quittons peu après la vallée de la Chuy (du nom d'une des 7 régions que compte le pays) et bifurquons vers la chaîne Alaa-Tau. La route serpente très longuement à flanc de montagnes et pour cause : nous montons progressivement jusqu'à 3586m au col de Tiouz-Ashuu. Les parois autour de nous sont telles des mille-feuilles sur lesquels on apprécie les traces laissées par la tectonique des plaques :

    Chaîne Alaa-Tau

    Un peu avant le sommet de notre premier géant du jour, la route s'engouffre dans un tunnel, dans notre cas, en pente descendante. Pendant une minute environ nous n'en voyons pas la sortie. Puis, nous débouchons sur un terre-plein où attend une importante concentration de cyclistes. Il s'agit d'autres touristes partis avec Ultimate Adventure et qui achèvent leur périple. En partenariat avec la Fédération Française de Cyclotourisme, ils ont fait un tour au Kirghizistan à vélo. Ils acceptent de partager quelques minutes leur expérience qui me tenterait bien ! Puis, nous les laissons repartir et jetons un premier coup d'oeil à la vallée de Sussamyr qui s'étire indéfiniment en contrebas.

    La descente vers la vallée est entrecoupée d'une seconde pause pour observer le panorama depuis un promontoire un peu plus dégagé. Les premières yourtes apparaissent dans notre champ de vision en bordure de la route qui serpente.

    Yourtes dans la descente du Tiouz-Ashuu

    De l'autre côté de ce plateau cultivé situé à 2300m d'altitude, les sommets enneigés pourraient être pris pour un voile de nuages.

    Plateau en contrebas du Tiouz-Ashuu

    Une station de ski est aménagée sur un versant du col Tiouz-Ashuu. On distingue au second plan le télésiège :

    Plateau en contrebas du Tiouz-Ashuu

    Quelques lacets plus bas, nous bifurquons et quittons l'asphalte pour la piste. Celle-ci est de bonne qualité par rapport à la Mongolie. De temps en temps, nous traversons un village ou croisons un cavalier en costume traditionnel.

    Cavalier en costume traditionnel

    L'heure progressant rapidement, il est bientôt temps de chercher un lieu paisible pour y prendre notre déjeuner. C'est chose faite au bord de l'impétueuse rivière Karakol aux reflets bleus et verts.

    Rivière Karakol

    A quelques encablures de ce site, nous marquons une nouvelle halte dans le village de Kojomkol. Celui-ci porte le nom d'un grand champion de lutte qui remporta le titre suprême en Asie Centrale. Kojomkol était aussi communiste et maire du village. Mais s'il a eu droit à tous les honneurs, c'est surtout pour son gabarit hors norme : 2m36 et 208kg. A côté de lui, même David Douillet serait un gringalet ! Le premier site le concernant se trouve à l'entrée du village et consiste en un monument où il est figuré soulevant une énorme pierre. Celui-ci est érigé au pied de la colline où se trouve sa sépulture. A Bichkek, se trouve une autre statue du colosse où il soulève un cheval !

    Monument à Kojomkol Tombe de Kojomkul

    Nous traversons la localité et marquons une seconde halte dans le petit musée qui lui est consacré pour mieux cerner le personnage. Il a vécu de 1888 à 1955 mais, malade, il dut partir à Bichkek où l'Etat prit soin de lui. La famille avait déjà des exploits dans les gènes puisque devant la maison on trouve quelques beaux rochers avec des panneaux explicatifs : le père aurait soulevé 1274kg et le fils "seulement" 690kg ! Quant à la bâtisse, elle présente des accessoires de la vie quotidienne kirghize, des tableaux, coupures de journaux, peintures et le clou du spectacle : les vêtements du solide gaillard. Une seule des jambes de son pantalon permettrait de m'habiller ... (J'ai juste retouché la photo pour ne pas qu'on puisse reconnaître la personne tenant le pantalon).

    Pantalon de Kojomkul

     Nous terminons la découverte du village en nous rendant sur la tombe d'un de ses proches amis à la sortie du village.

    Tombe de l'ami à Kojomkul

    Nous commençons ici notre marche de la journée au bord de la rivière Kokomeren et au pied de collines émoussées par le temps, le vent et les intempéries. Elles semblent couvertes d'une étoffe de velours.

    Sommets de velours Rivière Kokomeren

    Cette balade de 2h est une première occasion d'aborder la vie quotidienne dans le pays et de comparer certains points avec l'Ouzbékistan d'où nous venons :

    - la place de la femme est beaucoup plus enviable ici. Les sociétés nomades semblent sur ce point bien plus progressistes car le choix du conjoint est plus libre : les mariages arrangés sont toujours de mise dans les campagnes mais les futurs mariés ont leur mot à dire et doivent être consentants sans quoi ils peuvent dénoncer le mariage à la police. Toutes les ouzbèkes doivent en rêver. Les femmes travaillent autant que les hommes et ont des postes à responsabilités. D'ailleurs, depuis le début de l'année, la Présidente par intérim du pays est une femme : Rosa. A quand en France ?

    - le salaire moyen serait de 200 dollars par mois soit l'équivalent d'une location mensuelle à Bichkek. Une année d'études supérieures coûte 1000 dollars !

    - Parmi les "loisirs" équestres soulignons en deux. Le premier est commun à toute l'Asie Centrale et se nomme en Kirghizie l'oulak-tartych : un imposant groupe de cavaliers se disputent violemment une dépouille de chèvre décapitée. Le premier qui réussit à l'amener au terme d'un parcours tortueux durant lequel tous les coups sont permis est déclaré vainqueur. Quelqu'un est partant ? Le second jeu est à peine plus tentant et s'appelle kiiz-koomaï : le futur marié doit poursuivre sa prétendante et l'embrasser en galopant. S'il échoue, il est fouetté. Personnellement, je préfère le Uno ! 

    Rivière Kokomeren

    Quelques ultimes tours de roues supplémentaires jusqu'à un cadre enchanteur où nous établissons notre bivouac au bord de la rivière et au pied d'une falaise à la couleur orange-saumon.

    Le bivouac au bord de la rivière Kokomeren

    Nous pouvons même piquer une tête dans l'eau pour se débarrasser de la poussière accumulée dans la journée. G. y retournera même une seconde fois toute habillée. Je vais vraiment finir par croire que tu es une "tombeuse" !  (Je me moque mais je suis également tombé plus tard avec bien moins de grâce et dans un endroit moins approprié ...)

     

    Ce premier jour se termine ainsi dans un paysage somptueux qui met la barre assez haut pour les prochains bivouacs.


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