• I'm a poor lonesome traveler !

    Vendredi 24 septembre 2010 : les gorges d'Alameddin

    Minuit sonne, je me lève en même temps que G. et JC pour les accompagner jusqu'à leur départ de la guest-house. C'est la première fois dans un voyage organisé que je me sépare du groupe. Et quel groupe ! Je vous aurais bien enchaînés pour que vous restiez plus longtemps mais j'avais oublié le matos à la maison...

    Avant mon départ, je me doutais fortement que ce pays allait beaucoup me plaire et, en attendant une éventuelle seconde visite, je voulais pousser la découverte vers les montagnes au sud de Bichkek. Ne connaissant pas alors notre agence locale, j'avais également réservé une chambre dans une guest-house coréenne dont je reparlerai plus bas.

    Une fois mes compagnons partis, je me suis lancé à corps perdu dans une bataille aérienne brutale. Après avoir subit le pilonnage intensif de l'ennemi et entendu le vrombissement continu de ses aéronefs, je décide de passer à l'offensive et abats trois des siens en plein air. La bataille fera longuement rage dans un duel incertain. Au bout de la nuit, nos deux camps dressent le bilan des affrontements : aucun dommage de mon côté mais une nuit sans sommeil. Saleté de moustiques !

    Au petit matin, je dois reconstituer mes forces après une nuit d'intense activité. Et le petit-déjeuner servi par Nargiza et Moxat est particulièrement copieux. On attend quelqu'un ? Comment ça c'est uniquement pour moi ? Nous conversons ensuite de leurs tâches au sein de l'auberge.

    Sur ces entrefaites arrive Ismail  avec qui je planifie mes excursions des deux prochains jours : Alameddin aujourd'hui, Tatyr demain. Pour me conduire sur place, il fait appel à Victor qui sera à ma disposition pour les deux prochains jours y compris pour m'emmener à l'aéroport demain soir. Et Ismail me donne une carte pour m'orienter puisque je serai seul dans la montagne.

    J'embarque à bord de l'Audi de Victor en direction du sud. A ce sujet, je dois souligner le nombre effarant d'Audi, BMW et Mercedes au Kirghizistan. Si vous en possédiez une il y a une bonne dizaine d'années, vous avez toutes les chances de la retrouver là-bas. Seules les Lada sont à peu près aussi nombreuses (et encore ...).

    Nous traversons d'abord une forêt au sein de la capitale : la forêt des panneaux électoraux en vue des législatives du 10 octobre. Avec 29 partis en lice, le moindre recoin ou panneau est tapissé d'affiches électorales, des voitures défilent avec des drapeaux aux couleurs de leurs poulains ... Nous quittons ensuite la capitale et longeons le fil directeur du jour : la rivière Alameddin. Au bord de la route, un feu d'artifice illumine le décor : les arbres se parent de teintes automnales, chacun d'eux possédant plusieurs couleurs : un côté jaune-or et un autre vert ou rouge. J'en prends plein les yeux !

    Au second plan, des rangées de datchas où viennent se réfugier les citadins à la moindre occasion. Je ne parle hélas que quelques mots de russe, j'ai donc des problèmes pour faire la conversation avec Victor : j'ai surtout compris qu'il était chauffeur de taxi d'origine ukrainienne et qu'il était passionné de pêche. Pour le reste, c'est plus personnel...

    La route s'élève ensuite dans les montagnes jusqu'à devenir une piste. A 11h, je m'élance pour la balade de la journée. Je devais théoriquement traverser une passerelle pour passer à droite de la rivière. Hélas, un chien gardien de yourte (les plus affectueux) ne l'entend pas de cette oreille et s'élance derrière moi. Un ruisseau me permet de me défaire de ce cerbère. J'opte donc pour le côté gauche et prend de la hauteur au milieu des éboulis.

    L'intégralité de ma promenade se fera dans une ancienne vallée glaciaire relativement encaissée dont le paysage est de type alpestre ou pyrénéen. Au fond de ce couloir naturel s'écoule la rivière dont le grondement s'élève le long des flancs des montagnes. La végétation est assez variée : pâturages, forêts, chardons géants de près d'1,5m de haut et nombreux arbustes épineux. Le sentier étant sûrement peu fréquenté (hormis par les bergers locaux), il faut souvent que je me fraie un chemin dans les fourrés non élagués, me faisant griffer au passage. Son tracé épouse la forme des vallons qu'il rencontre et créé des montagnes russes que j'enchaîne à un bon rythme.

    Gorge d'Alameddin Gorge d'Alameddin

    La faune n'est pas très effrayante : beaucoup de chevaux, des vaches et un lièvre mais absolument aucun caprin sauvage à ma grande surprise. Après 2h30 de montée, je prends mon pique-nique au bord de la rivière cristalline avec en arrière-plan un sommet enneigé partiellement caché dans les nuages. Ne pouvant l'atteindre dans un temps raisonnable, je rebrousse chemin et, en 1h30, retrouve Victor qui m'offre le thé.

    Gorge d'Alameddin Gorge d'Alameddin

    Une heure plus tard, nous retrouvons Bichkek. Victor me dépose au Tsoum, le grand magasin dans le genre de ceux du boulevard Haussmann à Paris. Il s'y vend de tout (alimentation, vêtements, souvenirs, meubles ...) sauf les tchapans (sinon je t'en aurais pris un ).

    De retour à Ultimate Adventure, je prends mes affaires et pars à la recherche de la guest-house coréenne avec quelques indications approximatives en poche. Je la trouverai toutefois relativement facilement. Le confort est plus que satisfaisant et les moustiques sont aux abonnés absents. Un paradis !

    Après une brève balade, je retourne à Ultimate Adventure où je dois retrouver Azamat pour aller diner ce soir. En l'attendant, je fais plus ample connaissance avec Moxat, le jeune gardien des lieux, resté seul pour le week-end. Il est étudiant en architecture et travaille en parallèle à l'auberge 6 mois par an. Etant le cadet de sa famille, il rêve de partir outre-Atlantique plutôt que de s'occuper de ses parents comme le veut la tradition.

    Azamat me récupère et m'emmène au centre vers la place Ala Too. Sur une vaste esplanade, une rampe soutient un immense drapeau national. Celui du Kirghizistan est totalement rouge en l'honneur d'Attila et son centre est occupé par un soleil jaune à 40 rayons pour les 40 tribus originelles qui s'unirent contre l'invasion mongole. Quand au disque central de l'astre, il est en forme de tunduk, l'ouverture sommitale des boz-u.

    Bichkek - Place Ala Too

    Toutes les deux heures, la garde d'honneur se trouvant à son pied est relevée. Et l'avenue passant devant est bouclée à partir de 20h pour laisser la place aux habitants. D'ailleurs, elle est bondée à cette heure et des jeux de fontaine et de lumière viennent agrémenter l'ensemble.

    Après le repas, Azamat évoque sa famille et une fête typique dans le foyer lorsqu'un enfant accomplit ses premiers pas. Pour marquer l'événement, un mouton est égorgé. De petites courses avec les jambes liées sont organisées : d'abord les enfants, puis les femmes et enfin les hommes.

    Azamat souhaite ensuite venir découvrir la Sekura guest-house que personne ne connait chez Ultimate. Nous prenons donc un minibus pour nains de jardin : il s'agit d'une boîte à sardines dans laquelle nous nous entassons à 20 ou 30 et au plafond suffisamment bas pour que ma tête s'enfonce dans le toit capitonné. "Azamat dis-moi stp quand on descend car je ne vois plus la route" ! 3 compagnies se partagent la capitale et le trajet revient à 10 soms après 21h contre 8 avant.

    Parvenus à la guest-house, je lui fais visiter les lieux avant qu'il ne rentre chez lui. Une importante communauté allemande est présente : des étudiants visitant le pays avec leur enseignant. Mais je rencontre surtout Rémy un jeune français parti deux ans pour accomplir le tour du monde en vélo couché. Son voyage est tout aussi fascinant que le récit qu'il m'en fait. (Si vous souhaitez en savoir plus sur son trajet : http://remytdm.over-blog.fr/).


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