• Transfert jusqu'à la maison d'Erkin

    Lundi 20 septembre 2010 : la fabrication d'un tapis

    Nouveau lever de soleil à plus de 3100m. Aujourd'hui, nous levons le camp et redescendons vers des contrées plus clémentes, épargnées par la neige (du moins nous l'espérons). En pointant le bout du nez dehors à la place du chat (cette fois-ci), nous constatons le retour du soleil mais également du froid. Nous reprenons la même route qu'il y a deux jours vers Naryn, celle qui suit le tracé de la Route de la Soie. Par contre, aujourd'hui, la visibilité est totale. Nous découvrons donc le paysage que nous avons manqué en arrivant : de vastes étendues relativement plates mais toujours cernées aux quatre points cardinaux de reliefs.

    Vaste plaine le long de la Route de la Soie

    Nous laissons également sur le bas-côté un camp de travailleurs chinois qui travaillent à la réfection de la piste.

    Camp d'ouvriers chinois

    Sur le bord de la route se joue un remake du court métrage "For the birds" de Pixar : les fils sont couverts d'oiseaux piaillant. Alors fils électriques, gaines du téléphone ou perchoirs ?

    Courant, téléphone ou perchoir ?

    Si vous souhaitez voir le court-métrage allez sur YouTube par exemple là : http://www.youtube.com/watch?v=yJzQiemCIuY. Vous comprendrez mieux le côté comique de la scène.

    Nous reprenons de l'altitude pour franchir le col qui nous fera basculer sur Naryn. La neige, qui n'avait pas vraiment quitté les crêtes alentours, refait son apparition autour du véhicule. Tout, autour de nous, est immaculé et majestueux. Notre attention se porte sur quelques poteaux électriques renversés comme au milieu de cette image.

    Sommets immaculés

    Sur l'autre versant au contraire, les couleurs ressurgissent et la fin de l'été triomphe sur les premiers assauts de l'automne.

    Retour de la couleur

    Après une nouvelle halte à Naryn pour déjeuner dans une cantine populaire, nous reprenons la route. Nous pouvons rapidement nous rendre compte que cette vallée a été relativement épargnée par les chutes de neige qui nous ont bloquées ces derniers jours. Par contre, une tempête a laissé son empreinte.

    Poteau à terre Poteau à terre

    A mesure que nous progressons vers le nord, le paysage évolue : plaines cultivées ou destinées à l'élevage, gorges étroites aux parois abruptes et enfin routes de montagne.

    Vaste plaine Gorge Passage au col du Dolon

    Nous marquons une halte au sommet du Dolon à 3030m le temps de remplir le réservoir à partir d'un jerrican. De nombreux véhicules sont également arrêtés pour immortaliser ce passage et photographier les environs. Tout le monde n'a en effet pas la chance de voyager autant que nous et nombre de Kirghizes n'ont quasiment jamais quitté leur ville. Je pense également que des traces de croyances animistes restent présentes dans certains esprits et qu'il convient de rendre hommage à la montagne pour la franchir sans encombre.

    Quelques lacets plus bas, la vue est bien plus spectaculaire tant les couleurs et les plis du terrain sont diversifiés autour d'une route qui lézarde. Le Kirghizistan ne finira jamais de me surprendre. Et les jours qui viennent confirmeront cette tendance.

    Dans la descente du col du Dolon

    Nous arrivons en milieu d'après-midi à Kochkor, ville étape pour rejoindre les lacs : au sud-ouest le Song Koul et au nord-est, l'Issyk Koul. Elle s'étire également en longueur le long d'une artère principale. Non loin du centre, nous nous rendons à la maison d'hôtes d'Erkin à proximité de champs de patates où des ouvriers s'escriment à gagner leur vie (ils sont payés au poids). La bâtisse est dotée d'un confort maximal et Erkin met à disposition de tous ses hôtes un album photos la montrant au côté des précédents voyageurs y compris une stagiaire venue six mois travailler à l'office du tourisme local (CBT).

    Nous ne nous éternisons pas car nous sommes attendus à la coopérative locale des femmes pour une démonstration de la fabrication du shyrdak, le tapis en feutre traditionnel utilisé pour décorer les intérieurs. Cette entreprise familiale emploie 60 femmes sur place ou à domicile.

    Pour commencer l'élaboration, il est nécessaire de procéder à la tonte du mouton. Il faut ensuite laver la laine à l'eau froide puis la frapper avec des tiges de fer ou d'acier pour la désagréger. Cette opération est plus efficace si elle s'effectue sur une peau de mouton. Les lames utilisées, semblables à des sabres d'escrime, se trouvent au pied de la chaise sur l'image ci-dessous.

    Shyrdak et lames pour battre la laine

    On étale ensuite sur le sol une natte de paille ou de roseau sur laquelle on empile la laine sur 8 couches : dans le sens horizontal puis dans le sens vertical, de nouveau dans le sens horizontal et ainsi de suite ...

    Empilement de la laine sur 8 couches

    Il est alors possible de s'attaquer aux motifs que l'on souhaite "imprimer" sur le tissu. Une fois celui-ci dessiné, il faut enrouler la natte et l'arroser d'eau chaude ce faisant.

    Enrouler la natte Arroser avec de l'eau chaude

    On saucissonne le tout et on l'écrabouille avec les pieds pour le presser/l'essorer. Il arrive également dans les campagnes que, pour cette étape, on utilise un rouleau tracté par un cheval sur des kilomètres en réhumidifiant le rouleau régulièrement. C'est d'ailleurs selon ce procédé qu'est confectionné le feutre des gers mongoles ou des boz-u kirghizes.

    Essorage

    Sur un fond de musique, Azamat et l'artisane se mettent à se trémousser pour essorer le tapis. Mais par respect envers eux, la vidéo immortalisant cet instant ne sera jamais diffusée bien qu'ils n'aient en rien l'air ridicules. Je participe ensuite à ce cours de fitness improvisé car l'opération est plutôt longue.

    Il convient alors de laver le tapis à l'eau froide et de le sécher à trois reprises. C'est l'opération la plus harassante car elle requiert de se mettre à genoux et d'utiliser ses avant-bras.

    Essorage final

    Enfin, il faut nettoyer le tapis à l'envers avec du savon naturel et le mettre à sécher. "Notre" tapis fut très réussi.

    Nous passons ensuite dans un petit musée et dans la boutique où nous nous contentons d'enfiler d'épais manteaux d'hiver pour poser pour une photo. Nous retournons pour finir à la maison d'hôtes où Lena et Erkin prennent soin de nous.


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